Ma cousine Nicole, âgée de huit ans en ce temps là tout comme moi, m’informa qu’à chaque 1er Janvier l’une de ses copines, en souhaitant la bonne année à sa mère, recevait un billet.
Intéressée, je la priai de m’en dire plus ; ce qu’elle fit généreusement.
Le matin du 1er Janvier, toute heureuse en pensant à ce que je m’achèterais, je me précipitai vers ma mère. En l’embrassant fougueusement, je lui adressai la formule magique que m’avait confiée ma cousine :
― Bonne année, bonne santé, Maman, avec la paille au cul pour toute l’année !
― …
L’après-midi, Nicole vint me voir.
― Alors, combien de sous as-tu eus ? demanda-t-elle.
― Une gifle … pour m’apprendre la politesse !
Et là, ma cousine, d’un air hargneux, me lança :
― Idem ! Mais ma copine ne perd rien pour attendre … Je vais lui faire rembourser nos claques.
De notre mésaventure, de notre innocence, quelques temps après, j’ai ri.
Et chaque 1er Janvier, en me remémorant ce souvenir d’enfance, je ris encore.
© M. de Rodrigue