
Parfums de femmes
« Mainte fleur épanche à regret son parfum doux comme un secret dans les solitudes profondes. » (Charles Baudelaire)
Les parfums de Diane, Sandy, Julie, Sara, Blanca, et bien d’autres, jadis romantiques, capiteux, voluptueux sous les bourrasques de leur destinée se sont évaporés pour ne laisser que des fragrances nostalgiques, âpres et même vénéneuses.
Ces petites histoires florales aux différentes essences émanent-elles du jardin de la réalité ou de celui de la fiction ?
Lire un extrait du "Masque de Venise"
LE MASQUE DE VENISE
Elle n’a pas sommeil, ce soir.
Son amant Somnus qui est au désespoir,
De son regard de nuit, la fixe pour la faire cligner des yeux.
Puis, la courtise pour la jeter dans ses draps soyeux.
Pour qu’il la dédaigne, elle se prépare un café corsé,
Et lui annonce qu’avec sa plume, elle passera la soirée.
Il est minuit ! Des rimes s’ébattent dans sa tête.
De-ci, de-là, volettent comme des alouettes.
Sur la page blanche refusant de se poser, elles caracolent.
Puis en la narguant, à tire-d’aile, vers l’Italie s’envolent.
Alors, la dame de Venise vient la hanter avec son loup !
Elle l’invite à l’ôter pour voir ce qui s’y cache dessous :
Sourire du bonheur
Ou cicatrice du malheur ?
Pour l’apprivoiser, elle lui tend la main.
Mais, la mystérieuse dame en la toisant avec dédain,
Dans sa robe d’organdi, couleur jais chatoyant,
Tel un cygne noir, glisse doucement,
Ondule sur l’onde du lac marine de sa nuit.
Puis, sans mot dire, la frôle de son éventail de pluie
Et repart sans bruit vers la lagune illuminée,
En emportant avec elle l’aube et la plume affolée.
Demain, consentira-t-elle à rester près d’elle ?
Lui dévoilera-t-elle ses traits en tombant son loup de dentelle ?
……
Lire un extrait de "Clair obscur"
CLAIR OBSCUR
Je te hais !
Parce que mes jours ne sont que nuits
Et mes nuits, blanches d’insomnie.
Je te hais !
Parce que les fleurs ont perdu leur fragrance d’antan,
Que les oiseaux et les cigales ont tu leurs si jolis chants.
Je te hais !
Parce que tu as chassé la belle saison de mon temps,
Pour à chaque nouvelle aurore, y placer l’hiver et son mordant.
Je te hais !
Parce que tu désires n’être que mon unique compagnon.
Toi, le fauve qui me lacère le coeur, sans compassion.
Je te hais !
Parce qu’en me voyant coiffée du voile funéraire
De jalousie, tu me punis de l’aimer encore sans frontière.
Je te hais !
Parce que tu fais de ma vie un enfer
En m’ôtant la folie ou le courage de reposer au cimetière.
Alors pour toutes ces raisons, chagrin infâme,
Je prie de toute mon âme !
J’implore Dieu …….
……
© M. De Rodrigue