En cette tonitruante, macabre nuit d’Halloween,
Emprisonnée dans un épais brouillard saupoudré d’une légère bruine,
La noirceur de mes pensées faisant trop de bruits
Je me suis réfugiée dans les voiles de mon lit pour reposer mon esprit.
Mais pour broyer mon espérance de sérénité
De la pénombre, des tombes fleuries de chrysanthèmes fanés ont émergé.
Pour de mes souvenirs malheureux en violer la trêve,
D’horribles monstres ont hurlé pour avorter mes rêves.
Et, avec le marbre d’une stèle, ils ont fracturé les casiers bonheur de ma mémoire en mille morceaux,
Lacérant de frayeur mon cœur, scarifiant de détresse mon âme pour les perler des larmes du chaos.
Puis, comme par enchantement, sur la plage blanche de ma nuit teintée de gris
Avec la plus lumineuse étoile, descendu de l’autre galaxie
Dans un incandescent halo de lumière
Qui renvoya tous les spectres dans leur tanière,
Mon prince charmant est apparu comme par magie.
Et, comme dans le temps d’avant enfui, il m’a souri.
Plongée dans une immense détresse,
Je lui ai tendu mes bras en signe de S.O.S.
Alors à mon oreille, tendrement, il a murmuré :
« Sèche tes larmes, mon adorée !
Souviens-toi de tous les mots que, pour te rassurer,
Mille fois dans tes songes, après mon envol, je t’ai susurrés :
Je suis le scintillement du givre qui illumine les tamaris.
La saladelle qui, de bleu ou de mauve parcourt le pays,.
La lumière qui avec le héron cendré s’infiltrent entre les roseaux rouillés.
L’arc-en-ciel qui, à la Tour Carbonnière, enjambe les marais
Où gambadent les beaux chevaux à la crinière de lait
Et mugissent les taureaux de jais au seuil du crépuscule orangé.
La douce pluie d’automne qui abreuve la terre
Et les giboulées cinglantes de Mars lorsqu’il devient tonnerre.
Le général Mistral qui souffle dans les feuillages
Tout en balayant, dans le ciel, tous les nuages.
Le chant de l’oiseau qui te réveille le matin.
L’arrivée de ton amie l’hirondelle qui t’annoncera un printemps câlin.
La mélodie de la colombe roucoulant sur une branche du figuier.
Les quatre saisons qui coloreront, encore, ta vie.
L’étoile ; l’étoile de l’amour immortel qui brille pour toi chaque nuit.
Alors, ma passionnée chérie, en ce Novembre-chrysanthème,
Ne flétris pas de tristesse la rose de ton cœur bohème.
Ne va pas sur ma tombe, ton désespoir, pleurer
Parce que je ne suis plus là, désormais !
Puisque, malgré l’absence, tu m’aimes toujours autant… je ne suis pas mort.
En t’attendant, patiemment, dans un autre ailleurs, je dors. »
Apaisée par le message de mon amour ailé, j’ai fermé les yeux.
Et, je me suis endormie comme un ange…presque heureux.
© M. de Rodrigue